Roman lu dans le cadre du Prix du Livre Inter 2024 (et de notre « jury » Shadow-Cabinet Inter). Ce roman vient de recevoir le Le Prix du roman Marie Claire 2024 et avait déjà été récompensé fin mars par le Prix des Romancières 2024.
Présentation de l’Editeur (Calmann Levy)
« La toile vibrait de beauté. Elle en avait le souffle coupé et se noyait dans l’œil bleu ciel piqueté de vert. Est-ce qu’elle était réellement le sosie de cette inconnue ? »
Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt Portrait d’une dame est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d’un musée d’art moderne en Italie.
Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l’histoire mouvementée de son portrait.
Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses descendants. Une fresque magistrale où se mêlent secrets de familles, succès éclatants, amours contrariées, disparitions et drames retentissants.
L’idée de départ (un peu comme pour « La jeune fille à la perle » de Tracey Chevalier – ou « Moi, Mona Lisa » de Jeanne Kalogridis ou encore « La dormeuse de Naples » (Ingres – Adrien Goetz) donne envie – et on ne peut que tirer son chapeau face à l’imagination débordante et indéniable de Camille de Peretti.
Toutefois, au fil des pages, ce roman ne se déroule, à mon regret, non pas autour de Klimt et son travail mais se focalise sur la femme portraitée à Vienne, son fils Isidore parti aux USA devenu richissime et sa « descendance » pour ensuite devenir une saga familiale avec des allers-retours dans le temps (1910, 1917/18, 1927- 1929, 1969, 2019) et une multitude de coïncidences et hasards égrenés par la plume légère de Camille de Peretti.
J’ai souvent pensé à des auteurs tel que Donna Tart et/ou Joël Dicker et la littérature « populaire » à l’américaine qu’ils pratiquent, et qui n’est pas vraiment mon rayon.
Dans une écriture somme toute assez classique, Camille de Peretti saisit l’occasion pour parler de la mainmise des riches sur leurs « bonniches », de la crise de l’année 1929 (le vendredi noir du 24.10.1929) et ses conséquences (il y a toujours qqn qui profite du krach des autres), de l’amour d’un orphelin à priori pauvre pour une jeune fille de la Haute, d’un 1er profilage génétique afin de prouver une paternité, l’ascension sociale d’une jeune femme (Pearl), la visite de quelques musées New Yorkais. On aura même un cours de technique boursière….
Contrairement à vagabondageautourdesoi [« Si vous aimez l’art ou les sagas, ne passez pas à côté !« ] je n’ai donc pas été captivé (mais c’est vrai, je ne lis pas souvent des sagas).
Par ailleurs, les critiques sur Babelio (4,4/5) illustrent bien que je suis loin du mainstream positif autour de ce livre, je dois être un peu bouché sur les bords ou davantage être attiré par des romans plus fouillés stylistiquement ou qui me touchent émotionnellement. Là, ça sentais trop le fabriqué pour moi, mais, j’avoue, avec du talent, on ne voit pas du tout les « coutures » (j’ai cherché pendant un petit moment et en vain des informations sur le groupe Chloros, « en 2022 le troisième plus grand groupe de produits cosmétique et d’hygiène au monde« . Elle m’a bien eu cette chère Camille !!)
Je suis donc admiratif devant la profusion d’idées de Camille de Peretti. Elle offre au lecteur qui a envie de s’évader pleins de fils narratifs imbriqués « génétiquement » autour du tableau. Elle a, cela se sent aussi, bien compulsé une grande documentation.
Cependant, à mon goût, elle n’a pas réussi à rendre vraiment vivants et crédibles les personnages qui restent (encore une fois pour moi) des stéréotypes.